Le tabagisme augmente de manière significative l’incidence des maladies telles que l’athérosclérose, la broncho-pneumopathie chronique obstructive, le cancer du poumon et de diverses infections respiratoires. Ces maladies pourraient être dues en partie à des modifications dans les fonctions immunitaires induites par l’inhalation chronique de fumée de cigarette. L’inhalation répétée de fumée de cigarette peut entrainer des changements dans les deux réponses immunitaires, aussi bien l’innée que l’adaptative (1).

Effets sur les macrophages

Plusieurs études démontrent que la fumée de cigarette provoque des changements morphologiques, physiologiques, biochimiques et enzymatiques sur les macrophages alvéolaires, les principaux acteurs de la défense immunitaire innée dans les poumons. Par exemple, une accumulation de macrophages alvéolaires a été décrite dans les poumons des fumeurs, exprimant de ce fait des taux accrus de cytokines pro-inflammatoires conduisant  à une inflammation amplifiée des voies aériennes. En outre, ils expriment des niveaux plus élevés d’enzymes tels que les métalloprotéases matricielles, impliquées dans la destruction du tissu pulmonaire et contribuant à l’évolution des broncho-pneumopathies chroniques obstructives. Le tabac nuit également à la capacité de phagocytose et de présentation d’antigène des macrophages, ce qui pourrait expliquer la sensibilité des fumeurs aux infections respiratoires (2,3).

Effets sur les neutrophiles

La fumée de cigarette provoque le recrutement des neutrophiles vers les espaces aériens grâce à la libération par les macrophages de cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-1 ou l’IL-8 , ce qui conduit à leur accumulation dans le tissu pulmonaire. Les neutrophiles sécrètent des enzymes qui pourraient contribuer à la destruction alvéolaire. Ce sont de puissants stimulateurs de production de mucus qui, en s’accumulant, contribue à obstruer  les voies aériennes (2).

Effets sur les cellules Natural Killer

Il a été démontré que la fumée de cigarette annule les fonctions des cellules Natural Killer qui jouent un rôle particulièrement important dans la réponse anti tumorale. Ceci pourrait expliquer pourquoi les fumeurs courent un risque plus élevé de développer un cancer du poumon (4).

Effets sur les  lymphocytes T

Une augmentation substantielle de la concentration des lymphocytes T CD8+ dans les poumons des fumeurs a pu être observée. Cela engendre une limitation plus prononcée du flux aérien et le développement de l’emphysème.  En outre, lorsque ces cellules sont activées, elles libèrent des enzymes protéolytiques telles que la perforine et la granzyme qui provoquent la mort cellulaire par apoptose  (ou nécrose) des cellules de structure (3).

D’autre part, les fumeurs souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive ont nettement moins de cellules T Régulatrices (Treg), responsables de la régularisation de la réponse immunitaire et de la suppression de l’inflammation dans les poumons.

Par conséquent, le tabac affecte le système  immunitaire  à différents niveaux, c’est pourquoi il est important d’arrêter de fumer pour pouvoir retrouver une réponse immunitaire adéquate.

Pour quel autre motif encourageriez-vous quelqu’un  à arrêter de fumer ?

[1] Arnson Y., Shoenfeld Y, Amital H. Effects of tobacco smoke on immunity, inflammation and autoimmunity.J Autoimmun. 2010 May;34(3):J258-65. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20042314

[2] Domagala-Kulawik J. Effects of cigarette smoke on the lung and systemic immunity. J Physiol Pharmacol. 2008 Dec;59 Suppl 6:19-34. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19218630

[3] Rovina N, Koutsoukou A, Koulouris NG. Inflammation and immune response in COPD: where do we stand? Mediators Inflamm. 2013;2013:413735. doi: 10.1155/2013/413735. Epub 2013 Jul 15. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23956502

[4]  Lu LM, Zavitz CC, Chen B, Kianpour S, Wan Y, Stämpfli MR. Cigarette smoke impairs NK cell-dependent tumor immune surveillance. J Immunol. 2007 Jan 15;178(2):936-43. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17202355

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