La peau des enfants nous parle. Parfois, l’apparition de taches sur la peau, comme dans les cas de pityriasis rosé ou d’éruptions cutanées du même type, permet de découvrir l’existence d’une autre pathologie sous-jacente chez l’enfant, par exemple une infection par le virus du SRAS-CoV-2 ou des réactions indésirables à des médicaments ou des vaccins.

QU’EST-CE QUE LE PITYRIASIS ROSÉ ?

Il s’agit d’une éruption inflammatoire bénigne et autolimitée qui dure environ 10 semaines et peut engendrer des démangeaisons intenses.

En général, une première lésion circulaire apparaît, plus grande que les suivantes : c’est ce que l’on appelle la plaque héraldique. Elle est suivie de lésions plus petites sur l’abdomen, le torse ou le dos, également de forme ronde. La forme atypique concerne 25 % des cas et est plus fréquente chez les enfants plus jeunes, de sexe féminin et parmi la population afro-américaine. On l’appelle le pityriasis rosé inversé et il apparaît sur le visage, les aisselles et l’aine. Chez certains patients, des signes avant-coureurs de type syndrome grippal peuvent survenir avant l’apparition des tâches.

On ne connaît pas exactement l’étiologie de cette maladie, mais elle est liée à la réactivation de certains virus comme les herpès 6 et 7 ou le virus d’Epstein-Barr (EBV), ainsi qu’à la prise de certains médicaments ou la réalisation de certains vaccins1.

QUEL EST LE LIEN ENTRE LE PITYRIASIS ROSÉ ET LE COVID ?

De nombreux dermatologues affirment avoir constaté une hausse des consultations pour un pityriasis rosé chez les patients infectés par le SRAS-CoV-2. Chez les enfants, chez qui 90 % des cas de COVID sont asymptomatiques ou accompagnés de symptômes très légers2, les symptômes cutanés constituent parfois le seul signe d’infection par le virus. C’est pour cette raison qu’il est important de découvrir la présence d’une infection virale, afin de prendre les mesures d’isolement nécessaires le cas échéant.

Cette réalité se reflète dans l’augmentation du nombre de cas rapportés dans les articles scientifiques. Ces articles présentent des pistes concernant les éventuelles raisons de l’apparition de l’éruption :

  • L’augmentation de cas établissant un lien entre pityriasis et COVID pourrait étayer l’hypothèse selon laquelle la primo-infection par le SRAS-CoV-2 serait responsable de l’éruption. Si c’était le cas, d’autres coronavirus saisonniers pourraient être à l’origine des cas de pityriasis infantiles observés par le passé3.
  • Lorsque le pityriasis apparaît plusieurs semaines après les premiers symptômes du COVID, on pense que la lymphopénie due au coronavirus entraîne une baisse de la réponse immunitaire dans la contention des virus latents4. Ces virus auraient donc la possibilité de se réactiver et de déclencher les symptômes cutanés. Dans les analyses réalisées sur les patients, on observe une charge virale et des taux d’immunoglobulines qui attestent d’une réactivation virale4,5.

QUE FAIRE DANS CES CAS-LÀ ?

L’idéal est de consulter le pédiatre afin qu’il réalise une étude de cas et juge s’il est nécessaire d’écarter une infection par le coronavirus.

En ce qui concerne l’éruption cutanée, les taches disparaissent au bout d’un à deux mois sans traitement spécifique dans la plupart des cas. Le pédiatre peut conseiller un produit pour soulager les symptômes si nécessaire.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Drago F, Broccolo F, Ciccarese g. Pityriasis rosea, pityriasis rosea-like eruptions and herpes zoster in the setting of covid-19 and covid-19 vaccination. Clin Dermatol. 2022 Jan 27:S0738-081X(22)00002-5. doi: 10.1016/j.clindermatol.2022.01.002. Publication en ligne avant impression.
  2. Andina D, et al. ESPD Group for the Skin Manifestations of COVID-19. Skin manifestations of COVID-19 in children: Part 3. Clin Exp Dermatol. 2021 Apr;46(3):462-472. doi: 10.1111/ced.14483. Epub 18 novembre 2020.
  3. Busto-Leis JM, Servera-Negre G, Mayor-Ibarguren A, Sendagorta-Cudós E, Feito-Rodríguez M, Nuño-González A, Montero-Vega MD, Herranz-Pinto P. Pityriasis rosea, COVID-19 and vaccination: new keys to understand an old acquaintance. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2021 Aug;35(8):e489-e491. doi: 10.1111/jdv.17301. Epub 12 Mai 2021.
  4. Drago F, Ciccarese G, Rebora A, Parodi A. Human herpesvirus-6, -7, and Epstein-Barr virus reactivation in pityriasis rosea during COVID-19. J Med Virol. 2021 Apr; 93(4):1850-1851. doi: 10.1002/jmv.26549. Epub 7 oct 2020.
  5. Dursun R, Temiz SA. The clinics of HHV-6 infection in COVID-19 pandemic: Pityriasis rosea and Kawasaki disease. Dermatol Ther. 2020 Jul; 33(4):e13730. doi: 10.1111/dth.13730. Epub 29 juin 2020.

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