Les recherches sur la biologie du sommeil démontrent de plus en plus clairement l’importance de ce processus vital pour la santé globale de l’être humain. Ainsi, alors que le sommeil était auparavant considéré comme une phase passive sans intérêt, on a découvert qu’il se produit pendant cette phase d’importantes modifications du fonctionnement de l’organisme.
Dans notre précédent article, nous avions évoqué le lien étroit qui existe entre le système immunitaire et le processus de sommeil. Dans son article, J. Westermann de l’Université de Lübeck émet l’hypothèse que le sommeil profond pourrait renforcer la mémoire du système immunitaire concernant les antigènes avec lesquels il est entré en contact.
Selon Westermann et son équipe, on pourrait établir un parallèle entre la consolidation de la mémoire psychologique et de la mémoire immunitaire. Bien qu’ils réagissent à des situations environnementales différentes, les deux systèmes (nerveux et immunitaire) partagent des fonctions de base de la mémoire.
Dans le domaine psychologique, la réactivation neuronale de la mémoire pendant le sommeil favorise d’une part la redistribution des représentations depuis les circuits de l’hippocampe, où elles ont d’abord été stockées vers le néocortex, où elles seront enregistrées à long terme ; et d’autre part la sélection des souvenirs utiles et l’élimination de ceux qui ne le sont pas.
Dans le système immunitaire, le souvenir du contact avec un antigène est créé en générant des lymphocytes T mémoires qui vont vivre des mois ou des années et aider le corps à reconnaître une infection déjà combattue pour y répondre rapidement en cas de nouveau contact. Ces cellules semblent capter les informations essentielles sur les pathogènes, ce qui leur permet d’identifier de nouveaux pathogènes semblables à ceux qu’elles ont déjà croisés. Des études chez l’homme ont démontré que le sommeil favorise la redistribution des « mémoires antigéniques », principalement soutenues par les cellules présentatrices d’antigènes, aux lymphocytes T qui servent à leur tour d’entrepôt à long terme.
Dans les deux domaines, psychologique et immunitaire, le sommeil favorise la consolidation de la mémoire qui fournit une information abstraite et généralisée, ce qui conduit à des réponses adaptatives du comportement et de l’immunité.
Bibliographie :
Westermann et al. System Consolidation during Sleep–A Common Principle Underlying Psychological and Immunological Memory Formation. Trends in Neurosciences (2015) Oct;38(10):585-97. doi: 10.1016/j.tins.2015.07.007.